Ce matin là

Publié le par Kamishra

Ce matin là, je prenais l’ascenseur en pestant comme d'habitude contre sa lenteur et bien sûr, sur le fait qu’une fois de plus, je n’étais pas particulièrement en avance. La dizaine de minutes d’attente qui m’était imposée durant la descente me permettait d’effectuer les rituels matinaux tels que préparer ma carte de bus et la mettre dans ma poche arrière du jean ; prêtre à être dégainée pour la valider lorsque je verrais le tramway arriver.

Je commençais à presser le pas car l’arrêt de tram se trouvait à quelques centaines de mètre de mon domicile. Je passais devant le centre commercial et essayé de ne pas trop m’arrêter devant les vitrines de certains magasins, notamment celle de l’animalerie où je ne pouvais m’empêcher de regarder les chiots en train de jouer, mais ce matin là ils n’y étaient plus.

Afin de rattraper mon retard, je me mettais à courir mais j’étais ralenti par mes chaussures il me semble. Je n’avais pas mis mes baskets et mes chaussures de ville, assez lourdes, m’empêchaient d’être véritablement à l’aise pour pouvoir courir. Lorsque j’arrivais enfin à la station de tramway je vérifiais à nouveau que je n’avais pas perdu en route ni carte de transport ni autre objet de valeur car il était dans mes habitudes de perdre des objets par inattention et de ne m’en rendre compte que bien plus tard. A l’inverse, et d’une manière plus rare, il m’arrivait également de trouver des objets par terre, tels plusieurs fois des téléphones portables ou encore de l'argent. Quelques minutes plus tard, le tramway arriva. Il était désert ce matin là. Assis à l’intérieur, je profitais du trajet pour réviser mes cours et essayer de me souvenir de ce que j’avais tenté d’apprendre auparavant. J’essayais de rester concentrer mais je me laissais rapidement distraire par le paysage qui défilait quand le tram s’arrêta suite à un accident survenu sur la voie ferrée. Quelqu’un était étendu sur la route mais rien ne permettait de savoir ce qui avait pu lui arriver. Il semblait s'agir d'un garçon. Il portait le même sweat-shirt que moi mais le sien était recouvert de cendres. Un cercle de personnes s'était formé pour assister à la scène et alerter les secours.

Continuant ma route à pied, j’avançais dans une longue ruelle en chantier. Elle était barricadée le long des trottoirs par de grandes plaques de tôle. Seul un homme vêtu d’un imperméable et d’un chapeau me précédait, il marchait lentement et semblait vouloir m’attendre en ralentissant le pas de plus en plus. Je continuais moi aussi d’avancer tout en modérant mon allure pour ne pas avoir à arriver à sa hauteur. Au fur et à mesure que je m’approchais, je pouvais observer ses vêtements tachés de rouille et d’autres matières dont je ne voulais pas connaître l’origine. Il s’arrêta en plein milieu du passage et se retourna, me faisant face. Je ne pouvais absolument pas distinguer son visage à contre jour et en l’espace d’un instant j’hésitais à vouloir continuer à marcher jusqu’à sa rencontre, tel un gars décontracté qui ne se soucie guère de cet étranger, ou au contraire faire demi-tour et assurer ma sécurité ne sachant pas ce qu’il pouvait bien vouloir. J’optais pour la seconde solution et, mimant vouloir fouiller à l’intérieur de mon sac à dos et prétextant ainsi par mes mimiques contrariées l’oubli d’un objet important, je faisais demi-tour.

Rebroussant chemin, je me hâtais d'atteindre le bout de la ruelle. Le soleil dans mon dos, je surveillais les ombres au sol afin de m'assurer qu'il ne me suivait pas.

 

Je me rassurais en voyant mon ombre seule.

 

Je me dépêchais d'avancer car il ne me restait plus beaucoup de temps, mon portable indiquait déjà 8h50. Arrivant à la bifurcation, j'entendais une sirène de pompier. Trois camions étaient venus sur le lieu de l'accident où le garçon étendu attendait les premiers soins. Je ne voulais pas m'attarder sur la scène car j'avais toujours trouvé dérangeant de regarder passivement ce genre de chose et puis cela gêné les secouristes dans leurs actions. Je continuais la route de l'autre côté jusqu'à me retrouver dans le nouveau quartier résidentiel en construction. La brume qui enveloppait le quartier, sans doute due à l'humidité des terres, avait du mal à se dissiper.

Des grues surplombaient le haut des bâtiments qui commençaient à s'élever vers le ciel. Ces nouvelles constructions se ressemblaient toutes, collées les unes aux autres, toutes bâties sur le même modèle. Les façades n'étaient pas terminées, que par endroit on apercevait déjà des lézardes dans les murs. Des gravats jonchaient le sol et les bennes étaient remplis de chutes de matériaux. Parmi les déchets se trouvait un attendrissant lapin rose en peluche, j'aurais voulu le récupérer car il me r'appelait celui que j'avais eu petit, mais celui-ci était en piteux état et tout taché.

 

Au loin on pouvait entendre les sirènes de la ville qui annonçaient un accident.

 

Avançant parmi les débris, je longeais la façade d'un immeuble dont les travaux étaient terminés.

 

Entrant dans le hall de l'immeuble je fut surpris de constater sur les boites aux lettres le nom de plusieurs personnes que je connaissais. Il régnait ici une ambiance agréable et un calme reposant. Le hall était fleuri et sentait bon le propre.

Je franchissais la nouvelle porte qui séparait l'entrée du rez-de-chaussé.

 

Arrivé au Rez-de-chaussé, je me dirigeais vers la porte d'issue mais celle ci était cadenacée et parcourue de chaînes empêchant son ouverture. Je montais alors les escaliers afin de trouver une sortie à l'étage supérieur. Traversant le long couloir du dernier étage, je passais devant l'appartement de ma famille.

 

La porte étant grande ouverte sur le salon, je fi un rapide salut de la main en passant puis je continua mon chemin me pressant d'arriver au bout du hall.

Il se terminait par l'échelle qui conduisait sur le toit de l'immeuble. Marche après marche je continuais de monter.

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